Le capitaine de l’équipe de France, un “papa du LILA”, est revenu pour la LILA Gazette sur sa carrière pas comme les autres à quelques semaines des Jeux Olympiques qui sont un de “ses rêves d’enfant”.

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Propos recueillis par Tristan Touratier – 12th grade/Terminale.

Originaire d’un petit village en Normandie, le jeune Nicolas Batum commence le basket à l’âge de 3 ans. Inspiré par son père lui-même basketteur professionnel, il est naturellement à l’aise par sa taille et son jeu de main. Initialement loisir, son rapport avec le ballon est bousculé 11 ans plus tard lorsqu’il intègre successivement les centres de formation de Caen puis du Mans. “Lorsque tu es dans un collège à Caen, si on te dit que tu vas finir ici aux États-Unis grâce au basket, c’est compliqué à croire. Moi, à la base, je jouais avec mes potes le midi, j’allais en cours et je m’attendais à rester là-bas mais jamais à venir ici”

Son destin a pourtant été tout autre, le joueur l’explique comme “un mélange de beaucoup de choses”. Si ses aptitudes l’ont évidemment aidé, il estime qu’il a “surtout eu la chance d’intégrer un bon centre de formation avec de bons coachs”. Être pris en main lui a permis de s’entraîner, de progresser et d’ainsi se lancer, ce qui “te donne confiance très tôt. Puis beaucoup de choses s’enchaînent mais c’est ce qui te fait arriver en NBA très vite.”

C’est ainsi qu’en 2008, à seulement 19 ans, le jeune ailier français se retrouve à jouer sa première année dans la licence des Trail Blazers de Portland. Bien qu’il y ait une différence de niveau entre le championnat français et la NBA, ce n’est pas ce qui a le plus impressionné le joueur. Nicolas Batum se rappelle : “Le choc au début ce n’est pas forcément le basket, tu changes de pays, de langue et tu te retrouves là, seul, à seulement 19 ans. Bien sûr, il y a le changement de jeu parce que tu te retrouves dans la meilleure ligue du monde, face aux meilleurs joueurs du monde et que tu recommences d’une certaine façon tout à 0. Mais le basket ça te prend un tiers de ta journée, en dehors du terrain il te reste le côté pratique. Aller à la banque, faire réparer sa plomberie etc… Si tu arrives là c’est parce que tu sais jouer, le basket tu ne dois pas l’apprendre, tu dois juste t’y adapter alors que dans un nouveau pays sur tout le reste tu repars à zéro.”

Le capitaine de l’équipe de France sait de quoi il parle. Sa carrière n’a pas été linéaire, ayant connu au total quatre franchises, chacune à un coin des Etats-Unis (Portland, Charlotte, Los Angeles et Philadelphie).Néanmoins, selon lui, “la ville n’influence pas réellement ton jeu, ce qui joue vraiment c’est le moment de ta vie.” Initialement seul, il a aujourd’hui construit une vie de famille, devenant parent deux fois, “donc ta vie d’homme change”. Puis cette année il a été envoyé à Philadelphie en milieu de saison sans sa famille, “c’est là où ça joue au-delà de la ville en elle-même. C’est ta vie familiale et d’homme qui changent ta route.” Il confie alors que cette année a été “ difficile sur le plan familial “. Etre loin n’a pas été facile et que “c’est le sale côté en NBA malgré tous les autres bons“. Sur le plan sportif, toutefois, il ne regrette pas car “ il y a eu pleins de bons moments “ et qu’il estime avoir fait son travail, ce dont il est “ fier ”.

Nicolas Batum avec l’équipe de France en 2007 à Douai. Crédit: Wikimedia Commons.

Sa ville de cœur est aujourd’hui la Cité des Anges, Los Angeles. “j’ai appris à vivre ici et j’aime mon quotidien et outre le trafic j’adore cet endroit.” Pourtant il reste étroitement lié à son pays ”je reste quoiqu’il arrive bien sûr français”, dit-il. Cela se manifeste dans son quotidien par ses goûts culinaires, la scolarité de ses enfants au LILA qui donne “la chance de garder cette culture française” ainsi que son rôle de parrain pour ses centres de formation pour montrer que “ce n’est pas impossible, quelqu’un l’a déjà fait.”

De surcroît, cela se manifeste aussi dans sa carrière internationale avec l’équipe de France. Nicolas Batum a été sélectionné pour la première fois en 2009. Jouer sous les couleurs de son pays l’a bien plus marqué ce jour-là que l’équipe adverse à Strasbourg. Son premier souvenir marquant avec les Bleus s’est déroulé deux ans plus tard. Triomphant face à la Russie lors de la demi-finale du championnat d’Europe, ils obtiennent une place aux Jeux Olympiques de Londres l’année suivante. “C’est mon premier moment marquant en équipe de France vue la dimension historique. Depuis que j’ai 7 ans, je rêve de faire les Jeux Olympiques. Donc lorsque l’on se qualifie en demi-finale c’est un moment magique.” Malheureusement l’équipe de France ne termine qu’à la 6e place aux Jeux Olympiques de Londres, à la différence de la dernière édition à Tokyo où ils ont obtenu la médaille d’argent.

La compétition de basket des jeux olympiques de Paris s’ouvre le 27 juillet à Lille au stade Pierre Mauroy. L’intégralité des matchs de poules se joueront dans ce stade tandis que la phase à élimination directe se jouera à Paris. Nicolas Batum comme toute l’équipe le savent “il y a de grandes attentes ». Les vice-champions olympiques sont à domicile et doivent faire mieux que la « déception de la dernière coupe du monde ». Les Bleus s’étaient inclinés face à la Lettonie ce qui les avaient éliminés prématurément dans la compétition. Le capitaine de l’équipe de France analyse avec le recul : « On a fait des erreurs l’année dernière à la coupe du monde qu’il ne faudra pas reproduire cette fois-ci, mais ça reste des compétitions avec une grande part d’aléatoire, ce n’est pas facile de se projeter. “

Mais pour se projeter, “Il faut d’abord se préparer pour nos matchs de poules contre le Japon et l’Allemagne.” En tant que cadre de l’équipe, Nicolas Batum souhaite assurer aux « nombreux jeunes de talents » la possibilité d’intégrer l’équipe malgré une compétition « impressionnante » pour débuter et les prévenir de « l’engouement autour de tout cela ». 

« Je vais leur dire en arrivant qu’il faut faire abstraction de tout ce qu’il y a autour et se concentrer sur leur jeu parce que tu peux vite t’évader et passer à côté de la compétition.”

L’objectif est évidemment d’aller le plus loin possible devant leur public mais Nicolas Batum rappelle que “ce sont les Jeux Olympiques, il n’y a que douze équipes mais elles sont toutes excellentes, ça ne va pas être facile.”  

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