Avec une montée de l’extrême droite, l’économie en récession et la faille de la coalition ‘feu tricolore’, l’Allemagne se trouve aujourd’hui en situation tumultueuse en vue des élections de dimanche. 

Le chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz. Crédit: Wikimedia Commons

Par Thomas Cayetanot – 12th grade.

Le 26 septembre 2021, les Allemands se sont retrouvés aux urnes pour le renouvellement du Bundestag, le corps législatif et politique le plus important du pays,  détenant le pouvoir d’élire le Chancelier. Sur le bulletin de vote, le Parti Social-Démocrate (SDP) du centre-gauche finit par gagner le plus de sièges au parlement, et décidé de former une nouvelle coalition ambitieuse avec les Verts, du centre, et le Parti Liberal-Démocrate (FDP) du centre-droit, avec Olaf Scholz a sa tête. Allant au-delà des différences idéologiques et se proclamant une “coalition de progrès”, l’alliance a donc parvenu à obtenir une majorité parlementaire et semblait être la fin de l’ère Merkel. Mais aujourd’hui, cette situation politique harmonieuse est loin de la réalité. Et l’extrême-droite est désormais en embuscade.

Pendant une grande partie du XXe siècle, l’Allemagne était vue comme le moteur économique de l’Europe, avec la troisième économie mondiale. Sous la République Fédérale de l’Allemagne (RFA, soit l’Allemagne de l’Ouest), l’économie voyait une augmentation moyenne d’environ 6% par an. Mais actuellement, l’Allemagne souffre des conséquences de la pandémie, et voit son économie non pas en désastre mais en stagnation. Cela change d’un siècle de croissance économique, et a aidé à empirer l’image du gouvernement Scholz. A ceci s’ajoutent des objectifs de transitions énergétiques manqués et un Chancelier qui veut d’autant plus emprunter de l’argent, quelque chose de mal vu par un pays connu pour sa faible dette.

Le leader chrétien-démocrate (CDU) Friedrich Merz. Crédit: Wikimedia Commons

Face à cette situation économique, la coalition voyait s’affronter, dès le début de 2024, des idées contraires sur la relance de l’économie allemande. Le FDP voulait couper des programmes d’aide sociale tandis que Les Verts et le SDP préféraient une augmentation des impôts et des investissements de l’Etat. Une alliance qui fonctionnait sur les compromis n’arrivait maintenant plus à travailler ensemble.

Ces tensions ont culminé en Octobre 2024, lorsque des documents du ministre des finances Christian Lindner ont été divulgués, décrivant de nouvelles politiques économiques sur la transition énergétique du FDP. Ceci a empiré les relations à l’intérieur de la coalition, car, le document a été rédigé sans la consultation de Scholz ou Habeck, Vice-Chancelier, et rentrait en conflit avec leurs opinions. Suite à ces événements, en Novembre 2024, Scholz a fini par limogé Lindner, menant à la faillite de la coalition. 

Maintenant en crise politique et gouvernement minoritaire, face à un vote de confiance proposé en décembre que Scholz a perdu, le Bundestag a été dissous par le président allemand, et le pays se retrouve avec de nouvelles élections législatives. D’après un sondage de Politico, l’Union chrétienne-démocrate/Union sociale-démocrate (CDU/CSU), du centre-droit, est en vue de gagner le plus de sièges, suivi par Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême-droite qui se retrouve pour la première fois en deuxième position. Le parti d’Alice Weidel surfe sur une opinion anti-musulmane dans plusieurs landers de l’Est après plusieurs faits divers impliquant des immigrés, exploités politiquement pendant la campagne.

Le vrai enjeu vient après les élections, quand la partie gagnante devra construire une coalition pour obtenir une majorité parlementaire. Friedrich Merz de la CDU/CSU, vraisemblablement le prochain chancelier, sera forcé d’aller soit vers les partis maintenant impopulaires de l’ancienne coalition, soit vers des partis moins connus, tout en prenant en compte l’isolation politique et historique de l’extrême droite. 

Alice Weidel, dirigeante de l’AfD, le parti d’extrême-droite. Crédit: Wikimedia Commons

Ceci aboutira à l’élection d’un nouveau Chancelier qui sera confronté à des problèmes de politiques internes concernant l’économie, une crise du logement et une montée dans l’opposition à l’immigration ainsi qu’un paysage international changeant. Avec le retour de Trump à la maison blanche, et une visite de la part son vice-président Vance avec l’AfD, le nouveau gouvernement cherchera la stabilité et l’unité au niveau national et surtout européen, après une année d’instabilité politique pour le couple franco-allemand.

L’Allemagne étant le pays qui envoie le plus d’aide financière à l’Ukraine après les Etats-Unis, ces élections auront un impact plus important sur cette guerre ainsi que d’autres relations internationales. Une priorité pour l’Allemagne sera de reconstruire son économie et rétablir sa place dominante dans le monde.

One response to “L’Allemagne: le nouvel homme malade de l’Europe”

  1. Très illuminant! Merci pour cet article parfaitement informatif.

    Eva Rachel Boyd (he/she/they) (il/elle/iel) 2025 FB LILA Student

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